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[1650] MÉMOIRES

Nous résolûmes sur ces réflexions, de nous tenir couverts pour le fond de notre dessein, et de réunir, sans considérer les offenses et les intérêts particuliers, tous ceux qui avoient un intérêt commun à la perte du ministre ; de jeter les apparences d’intention non droite et non sincère pour la liberté de messieurs les princes, non-seulement parmi les gens de la cour, mais parmi ceux mêmes de leur parti, qui étoient les moins bien disposés pour les frondeurs de donner des lueurs de division parmi nous et d’en fortifier de temps en temps les soupçons par des accommodemens avec M. le prince ; que nous serions séparés successivement les uns après les autres. On résolut aussi de réserver Monsieur pour le coup décisif ; et, au moment de ce coup, de pousser tous ensemble le ministre et le ministère, les uns par le cabinet, et les autres par le parlement ; et sur le tout de s’entendre d’abord uniquement avec une personne du parti des princes, qui en eut la confiance et la clef. Tous ces ressorts étoient nécessaires, et il n’y en eut aucun qui manqua. Toutes les pièces eurent la justesse et le mouvement auquel on les avoit destinées : les seules roues de la machine qui allèrent un peu plus vite que l’on avoit projeté se remirent dans leur équilibre, presque au moment de leur déréglement. Je m’explique. Madame de Rhodes, qui conservoit toujours beaucoup d’habitude avec le garde des sceaux, lui donna une grande joie en lui faisant croire qu’elle auroit assez de pouvoir auprès de moi, par le moyen de mademoiselle de Chevreuse, pour m’obliger à ne pas rompre avec lui sur le dernier tour qu’il m’avoit fait. Il m’avoit ôté le chapeau, à ce qu’il pensoit ; et il se trouvoit heureux de trouver un