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[1650] MÉMOIRES

On m’offroit les abbayes de M. le prince de Conti ; et vous croyez aisément que je ne les voulois pas. M. de Beaufort étoit bien aise qu’on ne le troublât pas dans la possession de l’amirauté ; et ce n’étoit pas une affaire. Mademoiselle de Chevreuse n’étoit pas fâchée de devenir princesse du sang, par le mariage de M. le prince de Conti ; et ce fut la première offre que madame la palatine fit à madame de Rhodes. Il fut réglé en même temps qu’il ne s’en écriroit rien qu’à mesure que les traités particuliers se feroient ; et cela pour la même raison pour laquelle il avoit été résolu de n’en point faire de général. Madame la palatine me pressa beaucoup de recevoir en forme la parole de messieurs les princes de ne point traverser mon cardinalat. Vous verrez la raison que j’eus pour ne la pas accepter en ce temps-là. La postérité aura peine à croire la justesse avec laquelle toutes ces mesures se gardèrent. Je remédiai à ce qui les pouvoit rompre plus facilement, qui étoit le peu de secret et l’infidélité de madame de Montbazon : car nous jugeâmes, madame la palatine et moi, qu’il étoit temps que M. de Beaufort s’ouvrît, plus qu’il n’avoit fait jusque là, avec les amis de M. le prince. Je lui fis voir que le secret qu’il garderoit sur le sujet, de Monsieur et sur le mien, à madame de Montbazon, lui donneroit un grand mérite auprès d’elle, et feroit cesser les reproches qu’elle lui faisoit continuellement du pouvoir que j’avois sur son esprit. Il sentit ce que je lui disois : il en fut ravi. Arnauld crut avoir fait un miracle en faveur de son parti, d’avoir gagné M. de Beaufort par madame de Montbazon. Madame de Nemours, sa belle-sœur, prétendit cette gloire. Madame la palatine s’en donnoit