me commanda de lui apporter un écritoire qui étoit sur la table de son cabinet ; et elle écrivit ces paroles dans une grande feuille de papier :
« Il est ordonné à M. le coadjuteur de faire prendre les armes et d’empêcher que les créatures du cardinal Mazarin, condamné par le parlement, ne fassent sortir le Roi de Paris.
Monsieur ayant voulu voir cette dépêche, l’arracha des mains de Madame mais il ne put l’empêcher de dire à mademoiselle de Chevreuse : « Je te prie, ma chère nièce, de dire au coadjuteur qu’il fasse ce qu’il faut ; et je lui réponds demain de Monsieur, quoi qu’il dise aujourd’hui. » Monsieur me cria, comme je sortois de la chambre « Au moins, M. le coadjuteur, vous connoissez le parlement ; je ne veux point absolument me brouiller avec lui. » Mademoiselle de Chevreuse tira la porte, en disant : « Je vous défie de vous brouiller autant avec lui que vous l’êtes avec moi. »
Vous jugez aisément de l’état où je me trouvai ; mais je crois que vous ne doutez pas du parti que je pris. Le choix au moins n’en étoit pas embarrassant, quoique l’événement fût bien délicat. J’écrivis à M. de Beaufort ce qui se passoit, et je le priai de se rendre en toute diligence à l’hôtel de Montbazon. Mademoiselle de Chevreuse alla éveiller le maréchal de La Mothe, qui monta à cheval en même temps ; avec tout ce qu’il put amasser de gens attachés à messieurs les princes. Je sais bien que Langues et Coligny furent