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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

tère ; mais qu’il protestoit, et en son nom et en celui de toutes les personnes de qualité qui étoient entrées dans le parti, qu’aussitôt qu’il en seroit exclus, ils renonceroient à toutes sortes d’intérêts sans exception.

Le 20, cette déclaration se fit en beaux termes. Je suis persuadé que si elle eût été faite avant que les généraux et les subalternes eussent fait éclore cette fourmilière de prétentions, comme il avoit été concerté entre M. de Bouillon et moi, elle auroit sauvé plus de réputation au parti et donné plus d’appréhension à la cour, que je ne m’étois imaginé car Paris et Saint-Germain eussent eu lieu de croire que la résolution prise par les généraux de parler pour leurs intérêts, et d’envoyer des députés pour en traiter, n’étoit que la suite du dessein qu’ils avoient formé de sacrifier ces mêmes intérêts à l’exclusion, du ministre. Cette faute est la plus grande, à mon sens, que M. de Bouillon ait jamais faite. Il la rejetoit sur la précipitation que M. d’Elbœuf avoit eue de mettre ses mémoires entre les mains du premier président mais M. de Bouillon étoit toujours la première cause de cette faute, parce qu’il avoit le premier lâché la main à cette conduite. Celui qui dans les grandes affaires donne lieu au manquement des autres est souvent plus coupable qu’eux. Voilà donc une grande faute de M. de Bouillon.

Voici une des plus signalées sottises que j’aie jamais faites. J’ai dit que M. de Bouillon avoit promis aux envoyés de l’archiduc un pont d’or pour se retirer en leur pays en cas que nous fissions la paix. Ces envoyés, qui n’entendoient parler que de députations et de conférences, ne laissoient pas, à travers toute la