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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

M. de Bouillon et moi ; et nous résolûmes de donner au Mazarin ce que M. de Bouillon appeloit un hausse-pied, c’est-à-dire de l’attaquer encore personnellement ce qui le mettroit au désespoir dans un temps où le bon sens lui eût pu donner assez d’insensibilité pour ces tentatives, qui au fond ne lui faisoient pas grand mal mais elles nous étoient bonnes à M. de Bouillon et à moi quoiqu’en différentes manières. M. de Bouillon croyoit qu’on en avanceront toutes les négociations ; et il étoit de mon intérêt de me signaler contre la personne du Mazarin, à la veille de la conclusion d’un traité qui donneroit peut-être la paix à tout le monde, hors à moi. Nous travaillâmes donc sur ce fondement, M. de Bouillon et moi, avec tant de succès, que nous obligeâmes M. le prince de Conti, qui n’en avoit aucune envie, de proposer au parlement d’ordonner à ses députés qu’ils se joignissent au comte de Maure touchant l’expulsion du Mazarin.

M. le prince de Conti fit cette proposition le 27 ; et comme nous avions eu deux ou trois jours pour tourner les esprits il passa, de quatre-vingt-deux voix contre quarante, que l’on manderoit le même jour aux députés d’insister. J’ajoutai en opinant : Et persister ; en quoi je ne fus suivi que de vingt-cinq voix, et je n’en fus pas surpris. Vous avez vu les raisons que j’avois de me distinguer sur cette matière. J’avois failli à me décréditer dans le peuple et à, passer pour mazarin, parce que le 13 mars j’avois empêché que l’on ne massacrât le premier président, et que, le 23 et le 24, je m’étois opposé à la vente de la bibliothèque du cardinal. Je me remis en honneur dans la salle du Palais et parmi les emportés du parle-