Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/333

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Aussitôt que Monsieur eut pris sa place, Talon, avocat général, entra avec ses collègues, et dit qu’il avoit porté la veille à la Reine la lettre que M. le prince avoit écrite au parlement ; que Sa Majesté avoit fort agréé la conduite de la compagnie, et que M. le chancelier avoit mis entre les mains du procureur général un écrit par lequel il seroit informé des volontés du Roi. Cet écrit portoit que la Reine étoit extrêmement surprise de ce que M. le prince avoit pu douter des assurances qu’elle avoit données tant de fois ; qu’elle n’avoit eu aucun dessein contre sa personne ; qu’elle ne s’étonnoit pas moins des soupçons qu’il témoignoit touchant le retour de M. le cardinal ; qu’elle déclaroit vouloir observer religieusement la parole qu’elle avoit donnée sur ce sujet au parlement ; qu’elle ne savoit rien du mariage de M. de Mercœur[1] ni des négociations de Sedan ; qu’elle avoit plus de sujet que personne de se plaindre de ce qui s’étoit passé à Brisach (je vous entretiendrai tantôt de ces trois articles) ; que pour ce qui étoit de l’éloignement de messieurs Le Tellier, Servien et Lyonne, elle vouloit bien qu’on sût qu’elle ne prétendoit pas être gênée dans le choix des ministres du Roi son fils, ni dans celui de ses domestiques ; et que la proposition qu’on lui faisoit sur ce point étoit d’autant plus injuste, qu’il n’y avoit aucun des trois nommés qui eût seulement fait un pas pour le rétablissement de M. le cardinal Mazarin. La compagnie s’échauffa beaucoup, après la lecture de cet écrit, sur ce qu’il n’étoit pas signé : ce qui dans les circonstances,

  1. De M. de Mercœur : Louis de Vendôme, frère du duc de Beaufort, avoit épousé Laure-Victoire Mancini, l’une des nièces de Mazarin.