Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/383

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matin quelques conseillers des enquêtes dans la grand’chambre pour demander l’assemblée. M. le premier président s’en excusa sur l’absence de Monsieur. On murmura, on affecta de grossir à Monsieur ce murmure. Chavigny lui représenta M. le prince dans toute sa pompe, et tenant le pavé avec une superbe livrée et une nombreuse suite. Monsieur crut qu’il se rendroit, maître du peuple, s’il ne venoit lui-même prendre sa part des criailleries contre le cardinal. Il apprit que le dimanche au soir les femmes avoient crié dans la rue Saint-Honoré, à la portière du carrosse du Roi, point de Mazarin ! Il sut que M. le prince avoit trouvé le Roi dans le Cours, et qu’il alloit pour le moins aussi bien accompagné que lui. Enfin il eut peur. Il revint le mardi à Paris, et le mercredi 2 d’août au Palais, où je me trouvai avec tous mes amis, et un très-grand nombre de bons bourgeois. M. le premier président y fit le rapport de tout ce qui s’étoit passé le 26 au Palais-Royal ; et il exagéra beaucoup la bonté que la Reine avoit eue de rendre le parlement dépositaire de la parole qu’elle avoit donnée pour la sûreté de M. le prince. Il lui demanda ensuite s’il avoit vu le Roi. Il répondit que non qu’il n’y avoit aucune sûreté pour lui, et qu’il étoit averti de bon lieu qu’il y avoit eu depuis peu des conférences secrètes pour l’arrêter et, qu’en temps et lieu il nommeroit les auteurs de ces conseils. En prononçant ces dernières paroles il me regarda fièrement, et d’une manière qui fit que tout le monde jeta en même temps les yeux sur moi. M. le prince reprit la parole, en disant qu’Ondedei devoit arriver ce soir-là à Paris, et qu’il revenoit de Brulh ; que Bertet, Fouquet, Silhon, Brachet y fai-