Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/444

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fus et brouillé ; et l’autre, qu’il n’y a jamais que la pure fortune qui le démêle. J’expliquerai cela, et je l’appliquerai au détail duquel il s’agit, après que je vous aurai rendu compte de quelques faits assez curieux et assez remarquables de ce temps-là.

La Reine, qui avoit toujours eu dans l’esprit de rétablir M. le cardinal Mazarin, commença à ne se plus tant contraindre sur ce qui regardoit son retour dès qu’elle se sentit en liberté ; et messieurs de Châteauneuf et de Villeroy connurent, aussitôt que la cour fut arrivée à Poitiers, que les espérances qu’ils avoient conçues ne se trouvoient pas, au moins par l’événement, bien fondées. Les succès que M. le comte d’Harcourt avoit en Guienne ; la conduite du parlement de Paris, qui ne vouloit point du cardinal, mais qui défendoit sous peine de la vie les levées que M. le prince faisoit pour s’opposer à son retour ; la division publique et déclarée qui étoit dans la maison de Monsieur, entre les serviteurs de M. le prince et mes amis, donnoient du courage à ceux qui étoient dans les intérêts du ministre auprès de la Reine. Elle n’en avoit que trop par elle-même en tout ce qui étoit de son goût. D’Hocquincourt, qui fit un voyage secret à Brulh, fit voir au cardinal un état de huit mille hommes prêts à le prendre sur la frontière, et à le mener en triomphe jusqu’à Poitiers. Je sais, d’un homme qui étoit présent à la conversation, que rien ne le toucha plus sensiblement que l’imagination de voir une armée avec son écharpe (car Hocquincourt avoit pris la verte en son nom) ; et que cette foiblesse fut remarquée de tout le monde. La Reine ne quitta pas la voie de la négociation dans le moment même