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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/446

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de la part de la cour, me parut embarrassé : mais il s’en démêla à sa manière, c’est-à-dire en homme qui savoit, mieux qu’aucun que j’aie connu, parler le plus quand il disoit le moins. M. de Turenne qui étoit plus laconique, et dans la vérité beaucoup plus franc, se tourna de mon côté, et il me dit : « Je crois que M. Bertet va tirer par le manteau tous les gens à manteau noir qu’il trouve dans la rue, pour leur demander leurs opinions sur le retour de M. le cardinal : car je ne vois pas qu’il y ait plus de raison de la demander à monsieur mon frère et à moi, qu’à tous ceux qui ont passé aujourd’hui sur le Pont-Neuf. — Il y en a beaucoup moins à moi, lui répondis-je car il y a des gens qui ont passé aujourd’hui sur le Pont-Neuf, qui pourroient donner leurs avis sur cette matière ; et la Reine sait bien que je n’y puis jamais entrer. » Bertet me repartit brusquement, et sans balancer « Et votre chapeau, monsieur que deviendra-t-il ? — Ce qu’il pourra, lui dis-je. — Et que donnerez-vous la Reine pour ce chapeau, ajouta-t-il ? — Ce que je lui ai dit cent et cent fois, lui répondis-je. Je ne m’accommoderai point avec M. le prince, si l’on ne révoque point ma nomination. Je m’y accommoderai demain et je prendrai l’écharpe isabelle, si l’on continue seulement à m’en menacer. » La conversation s’échauffa, et nous en sortîmes cependant assez bien, M. de Bouillon ayant remarqué comme moi que l’ordre de Bertet étoit de se contenter de ce que j’avois dit mille fois à la Reine sur ce sujet, en cas qu’il n’en pût tirer davantage.

Pour ce qui étoit de M. de Bouillon et de M. de Tu-