Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/453

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guerre sur sa délicatesse. Mademoiselle de Chevreuse courut jusque sur les degrés après moi pour m’y obliger, et voilà ce qui me sauva la vie ; parce que je passai par la rue Saint-Honoré pour aller à l’hôtel de Brissac, où madame de Rhodes logeoit ; et qu’ainsi j’évitai le quai où l’on m’attendoit. Ajoutez cette circonstance à celle des Blancs-Manteaux, et à celle d’une générosité aussi extraordinaire que celle de M. Talon, qui, étant dans des intérêts directement contraires au mien, eut la probité de me donner l’avis de l’entreprise ; ajoutez, dis-je, à ces deux circonstances que je viens de vous raconter, celle de madame de Rhodes, et vous avouerez que les hommes ne sont pas les maîtres de la vie des hommes. Je reviens à ce que je vous ai tantôt promis des suites qu’eut le voyage du Roi.

Je vous disois, ce me semble, que voyant, comme nous le vîmes clairement en moins de quinze jours, que nous n’avions plus de parti à prendre, après la faute que nous avions faite, qui n’eût des inconvéniens terribles, nous tombâmes, comme il arrive toujours en pareil cas, dans le plus dangereux de tous, qui étoit de n’en point prendre de décisif, et de prendre quelque chose de chacun. Monsieur ne prit point les armes avec M. le prince ; et il crut, par cette raison, faire beaucoup pour la cour. Il se déclara dans Paris et dans le parlement contre le retour du Mazarin, et il s’imagina par cette considération qu’il contentoit le public. M. de Châteauneuf conserva quelque temps à Poitiers l’espérance de pouvoir amuser la Reine, par l’espérance qu’il lui donnoit à elle-même du rétablissement de son ministre, dans