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[1649] MÉMOIRES

rut fut la remise du Pont-de-l’Arche entre les mains de M. de Longueville.

Les affaires publiques ne m’occupoient pas si fort que je ne fusse obligé de vaquer à des affaires particulières qui me donnèrent bien de la peine. Madame de Guémené, qui s’en étoit allée d’effroi dès les premiers jours du siège de Paris, revint de colère à la première nouvelle qu’elle eut de mes visites à l’hôtel de Chevreuse. Je fus assez fou pour la prendre à la gorge, sur ce qu’elle m’avoit lâchement abandonné : elle fut assez folle pour me jeter un chandelier à la tête, sur ce que je ne lui avois pas gardé la fidélité à l’égard de mademoiselle de Chevreuse. Nous nous accordâmes un quart-d’heure après ce fracas, et le lendemain je fis pour son service ce que vous allez voir.

Cinq ou six jours après que M. le prince se fut accommodé, il m’envoya le président Viole pour me dire qu’on le déchiroit dans Paris comme un homme qui avoit manqué de parole aux frondeurs ; qu’il ne pouvoit pas croire que ces bruits-là vinssent de moi ; mais qu’il savoit que M. de Beaufort et madame de Mont-Lazon y contribuoient beaucoup qu’il me prioit d’y donner ordre. Je montai aussitôt en carrosse avec le président Viole. J’allai avec lui chez M. le prince, et je lui témoignai que j’avois toujours parlé de lui comme je devois. J’excusai autant que je pus M. de Beaufort et madame de Montbazon, quoique je n’ignorasse pas que la dernière n’eût dit que trop de sottises. Je lui insinuai qu’il ne devoit pas trouver étrange que, dans une ville aussi enragée contre le Mazarin, on se fût plaint de son accommodement, qui le remettoit pour la seconde fois sur le trône. Il se fit justice il