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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

du Palais, suivi de quinze ou vingt coquins, dont le plus honnête homme étoit un misérable savetier. Il cria aux armes, il n’oublia rien pour les faire prendre dans les rues voisines ; il alla chez le bon homme Broussel, qui lui fit une réprimande à sa mode. Il vint chez moi, et je le menaçai de le faire jeter par la fenêtre. Voici ce qui me fit croire qu’il agissoit de concert avec le cardinal :

Il étoit attaché à M. de Beaufort, qui le traitoit de parent ; mais il tenoit encore davantage auprès de lui par madame de Montbazon, de qui il étoit tout-à-fait dépendant. J’avois découvert que ce misérable avoit des conférences secrètes avec madame d’Epinelle, concubine, en titre d’office, d’Ondedei, et espionne avérée du Mazarin. J’avois pourtant fait jurer M. de Beaufort, sur les Évangiles, qu’il ne lui diroit jamais rien de tout ce qui me regarderoit. Laigues m’a dit que le cardinal, en mourant, le recommanda au Roi comme un homme qui l’avoit toujours fidèlement servi ; et vous remarquerez que ce même homme avoit toujours été frondeur de profession.

Je reviens à Joly. Le parlement s’étant assemblé, ordonna que l’on informeroit de cet assassinat. La Reine, qui vit que La Boulaye n’avoit pas réussi dans la tentative de la sédition, alla, à son ordinaire (car c’étoit un samedi), à la messe à Notre-Dame. Le prévôt des marchands l’alla assurer, à son retour, de la fidélité de la ville. On affecta de publier au Palais-Royal que les frondeurs avoient voulu soulever le peuple, et qu’ils avoient manqué leur coup : mais tout cela ne fut que douceur au prix de ce qui arriva le soir. La Boulaye posa une espèce de corps-de-garde