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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/96

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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

d’indice pour faire donner le fouet à un crocheteur. Voilà l’état du parlement jusqu’au 18 janvier 1650. Voilà tout ce que le monde voyoit : mais voici ce que personne ne savoit, que ceux qui connoissoient les ressorts de la machine.

Notre première apparition au parlement, jointe au ridicule des informations qui avoient été faites contre nous, changea si fort les esprits, que le public fut persuadé de notre innocence. M. le prince s’adoucit quatre ou cinq jours après la lecture des informations. M. de Bouillon m’a dit depuis plus d’une fois que le peu de preuves qu’il avoit trouvé à ce que la cour lui avoit fait voir d’abord comme clair et certain, lui avoit donné de bonne heure de violens soupçons de la tromperie de Servien et de l’artifice du cardinal ; et que lui M. de Bouillon n’avoit rien oublié pour le confirmer dans cette pensée. Il ajoutoit que Chavigny, quoique ennemi de Mazarin, ne l’aidoit pas en cette occasion, parce qu’il ne vouloit pas que M. le prince se rapprochât des frondeurs. Je ne puis accorder cela avec l’avance que Chavigny me fit en ce temps-là par Du Guet-Bagnols, père de celui que vous connoissez, son ami et le mien. Il nous fit venir la nuit chez lui, où M. de Chavigny me témoigna qu’il eût cru être le plus heureux des hommes s’il eût pu contribuer à l’accommodement. Il me témoigna que M. le prince étoit persuadé que nous n’avions point eu de dessein contre lui ; mais qu’il étoit engagé, et à l’égard du monde et à l’égard de la cour ; que pour ce qui étoit de la cour, il eût pu trouver des tempéramens : mais qu’à l’égard du monde il étoit difficile de trouver quelque chose qui pût satisfaire