Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/224

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derniers, et je suis persuadé qu’il n’y en eût eu guère davantage pour M. de Brissac. Langlade, qui passa en ce temps-là à Châlôns, retarda le voyage de M. de Chalons sans y penser, en lui disant que M. le cardinal devoit être en un tel lieu un tel jour. Ce délai causa ma prison, parce que Servien et l’abbé Fouquet la précipitèrent, en faisant voir à la Reine qu’il y avoit trop de péril à demeurer en l’état où l’on étoit. Ils lui disoient sans cesse que je continuois à ménager et à échauffer les rentiers, à cabaler dans les colonelles, etc. Il arriva un incident, le 13 novembre, qui contribua infiniment à aigrir la cour. Le Roi tint son lit de justice au parlement, pour y faire enregistrer une déclaration par laquelle il déclaroit M. le prince criminel de lèse majesté ; et il m’envoya la veille Saintot, lieutenant des cérémonies, pour me commander de sa part de m’y trouver. Je répondais à Saintot que je suppliois très-humblement Sa Majesté de me permettre de lui représenter que je croyois qu’il ne seroit ni de la justice ni de la bienséance qu’en l’état où j’étois avec M. le prince, je donnasse ma voix dans une délibération dans laquelle il s’agissoit de le condamner. Saintot me repartit que quelqu’un ayant prévu en présence de la Reine que je m’en excuserois par cette raison, elle avoit répondu qu’elle ne valoit rien et que M. de Guise, qui devoit sa liberté aux instances de M. le prince, s’y trouvoit bien : sur quoi je dis à Saintot que si j’étois de la profession de M. de Guise, j’aurois une extrême joie de pouvoir l’imiter dans les belles actions qu’il venoit de faire à Naples. Vous ne sauriez vous imaginer à quel point la Reine s’emporta contre mon excuse. On la lui expliqua, comme un indice