Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/26

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du nom qu’il portoit quand il étoit son premier écuyer), me conseilleriez-vous de me fier aux paroles du Mazarin, après ce qui s’est passé ? Le conseilleriez-vous à M. le prince ? Et supposé que nous puissions nous y fier, croyez-vous que la Reine doive balancer à nous donner la satisfaction que toute la France ou plutôt que toute l’Europe demande avec nous ? Nul ne sent plus que moi le déplorable état où je vois le royaume ; et je ne puis regarder sans frémissement les étendards d’Espagne, quand je fais réflexion qu’ils sont sur le point de se joindre à ceux de Languedoc et de Valois. Mais le cas qui me force n’est-il pas de ceux qui ont fait dire, et qui ont fait dire avec justice, que nécessité n’a point de loi ? Et me puis-je défendre d’une conduite qui est l’unique qui me puisse défendre, moi et tous mes amis, de la colère de la Reine et de la vengeance de son ministre ? Il a toute l’autorité royale en mains ; il est maître de toutes les places ; il dispose de toutes les vieilles troupes ; il pousse M. le prince dans le coin du royaume ; il menace le parlement de la capitale : il recherche lui-même la protection d’Espagne et nous savons le détail de ce qu’il a promis en passant dans le pays de Liège à don Antonio Pimentel. Que puis-je faire en cet état, ou plutôt que ne dois-je point faire, si je ne me veux déshonorer, et passer pour le dernier, je ne dis pas des princes, mais des hommes ? Quand j’aurai laissé opprimer M. le prince ; quand j’aurai laissé subjuguer la Guienne ; quand le cardinal sera avec une armée victorieuse aux portes de Paris, dira-t-on : Le duc d’Orléans est