Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/301

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Rousseau, qui, après m’avoir tenu à Nantes la corde avec laquelle je me sauvai, s’étoit sauvé lui-même fort résolument et fort heureusement du château, et qui étoit venu m’attendre à Rome, l’abbé Rousseau, dis-je, vint au devant de moi pour me dire que la faction de France s’étoit fort déclarée à Rome contre moi, et qu’elle menaçoit même de m’empêcher d’y entrer. Je continuai mon chemin, je n’y trouvai aucun obstacle, et j’arrivai, par la porte Angélique[1] à Saint-Pierre, où je fis ma prière, et d’où j’allai descendre chez l’abbé Charier. J’y trouvai monsignor Febey, maître des cérémonies, qui m’y attendoit, et qui avoit ordre du Pape de me diriger dans ces commencemens. Monsignor Franzoni, trésorier de la chambre, et qui est présentement cardinal, y arriva ensuite avec une bourse dans laquelle il y avoit quatre mille écus en or, que Sa Sainteté m’envoyoit avec mille et mille honnêtetés. J’allai dès le soir en chaise, inconnu, chez la signora Olimpia et chez madame la princesse de Rossanne et je revins coucher, sans être accompagné que de deux gentilshommes, chez l’abbé Charier.

Le lendemain, comme j’étois au lit, l’abbé de La Rocheposai, que je ne connoissois point du tout, entra dans ma chambre ; et après qu’il m’eut fait son premier compliment sur quelque alliance qui est entre nous, il me dit qu’il se croyoit obligé de m’avertir que le cardinal d’Est protecteur de France, avoit des ordres terribles du Roi ; qu’il se tenoit à l’heure même une congrégation des cardinaux fran-

  1. J’arrivai par la porte Angélique Le cardinal de Retz entra dans Rome le 28 novembre 1654.