Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/35

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jours aux délibérations d’une compagnie qui condamne ses armes, et qui enregistre, sans balancer les déclarations contre lui. Monsieur voit et sent plus que personne l’importance de cet inconvénient ; mais il croit au moins en des instans que la garantie du parlement et de Paris l’en peut défendre en tout cas : ce que j’ai toujours pris la liberté de lui contester avec tout le respect que je lui dois, parce qu’il ne se peut que le parlement, en continuant à se contenir dans ses formes, ne tombe à rien dans la suite d’une guerre civile ; et que la ville que Monsieur laisse, dans le cours ordinaire de sa soumission, au parlement, ne coure sa fortune ; parce qu’elle suivra sa conduite. C’est proprement cette conduite qui, en dépit de toute la France et même de toute l’Europe, rétablira le cardinal, par les mêmes moyens par lesquels elle l’a déjà ramené dans le royaume. Il le vient de traverser avec quatre ou cinq mille aventuriers, quoique Monsieur ait un nombre de troupes considérables, au moins aussi bonnes et aussi aguerries que celles qui ont conduit ce ministre à Poitiers ; quoique la plupart des parlemens soient déclarés contre lui ; quoiqu’il n’y ait presque pas une grande ville dans l’État de laquelle la cour se puisse assurer ; quoique tous les peuples soient enragés contre le Mazarin. Ceci paroît un prodige : il n’est rien moins ; car qu’y a-t-il de plus naturel, quand on fait réflexion que ce parlement n’agissant que par des arrêts qui, en défendant les levées et le divertissement des deniers du Roi, favorisent beaucoup plus le cardinal qu’ils ne lui font de mal en