Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/350

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Il se jeta dans ceux de M. le prince aussitôt qu’il se fut brouillé à la cour : il le servit utilement dans le cours de sa prison. Il fut du secret de la négociation, et du traité que la Fronde fit avec lui ; il ne quitta pas son engagement quand nous nous rebrouillâmes avec M. le prince après sa liberté ; mais il garda toujours toutes les mesures d’honnêteté avec nous. Il fut arrêté, peu de jours après ma détention, à Paris, où il étoit retourné contre l’ordre du Roi, et où il se tenoit caché. Il fut mené au bois de Vincennes, où j’étois prisonnier ; et il fut logé dans une chambre au dessus de la mienne. Nous trouvâmes moyen d’avoir commerce ensemble. Il descendoit ses lettres, la nuit, par un filet qu’il laissoit couler vis-à-vis d’une de mes fenêtres. Comme j’étudiois toujours jusqu’à deux heures après minuit, et que mes gardes s’endormaient, je recevois les siennes, et j’attachois les miennes au même filet. Je ne lui fus pas inutile, par les avis que je lui donnai dans le cours de son procès, auquel on travailloit avec ardeur : M. le chancelier le vint interroger deux fois à Vincennes. Il étoit accusé d’intelligence avec M. le prince, même depuis sa condamnation, et depuis sa retraite parmi les Espagnols. C’étoit lui qui avoit proposé le premier, dans le parlement, de mettre à prix la tête de M. le cardinal Mazarin : ce qui n’étoit pas une pièce bien favorable à sa justification. Il sortit toutefois de prison sans être condamné, quoiqu’il fût coupable, par l’assistance de M. le président de Bellièvre, qui étoit un de ses juges, et qui me dit, le jour qu’il me vint prendre à Vincennes, qu’il lui avoit fait un certain signe duquel je ne me ressouviens pas, qui l’avoit redressé et sauvé dans la