Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/387

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Lameth à ne se point accommoder avec la cour, jusqu’à ce que le Pape fût fait. J’avois déjà de grandes espérances de l’exaltation de Chigi ; et j’avois si bonne opinion, et de son zèle pour les intérêts de l’Église, et de sa reconnoissance pour moi, que je ne comptois presque plus sur ces places que comme sur des moyens que j’aurois, en consentant à l’accommodement de leur gouverneur, de faire connoître que je mettois l’unique espérance de mon rétablissement en la protection de Sa Sainteté. Malclerc trouva, en arrivant à Paris, que l’avis qu’on m’avoit donné n’étoit que trop bien fondé ; il ne tint pas même à M. de Caumartin de l’empêcher d’aller à Charleville, parce qu’il croyoit que son voyage ne serviroit qu’à faire faire la cour à M. de Noirmoutier. M. de Châlons, que Malclerc vit en passant, essaya aussi de le retenir par la même raison : il voulut absolument suivre son ordre. Il fut reconnu, en passant à Montmirel, par des gens de madame de Noirmoutier : ce qui l’obligea de la voir. Il eut l’adresse de lui faire croire qu’il se rendoit aux raisons qu’elle lui alléguoit en foule, pour l’empêcher d’aller trouver son mari ; et il se démêla par cette ruse innocente de ce mauvais pas, qui, vu l’humeur de la dame, étoit capable de le mener à la Bastille. Il vit messieurs de Noirmoutier et de Lameth à une lieue de Mézières, chez un gentilhomme nommé M. d’Haudrey. Le premier ne lui parla que des obligations qu’il avoit à madame de Chevreuse, de la parfaite union qui étoit entre lui et Laigues, et des sujets qu’il avoit de se plaindre de moi : ce qui est le style ordinaire de tous les ingrats. Le second lui témoigna toutes sortes de bonnes volontés pour moi ; mais il lui laissa voir en