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duc d’Orléans ; et ayant appris qu’il se promenoit dans le jardin proche la cascade, ils l’y furent trouver, et lui dirent qu’il avoit été accordé que, dès le jour que les conférences seroient arrêtées, on laisseroit arriver dans Paris cent muids de blés par jour. Néanmoins qu’au lieu de sept cents muids qui dévoient être à présent portés à Paris il n’en étoit pas entré cent soixante muids ; qu’il n’a manqué ni au blé ni aux bateaux, mais aux défenses que l’on faisoit de les laisser passer, au préjudice des paroles qu’on avoit données. Que cela étoit bien éloigné des espérances qu’avoit conçues la compagnie, que dès les premiers jours de la conférence il y auroit des passages ouverts, pour avoir non-seulement plus grande quantité de blé, mais aussi du foin, avoine, chairs, salines, et autres choses nécessaires pour ladite ville de Paris. M. le prince les interrompit, et dit que l’on avoit déjà laissé passer plus de deux cent cinquante muids de blé. Ils repartirent qu’ils avoient assurance du contraire, et qu’il étoit étrange que l’on eût envoyé une révocation sur une difficulté qui s’étoit mue à la conférence, puisque l’on avoit donné parole aux gens du Roi qu’en cas que la conférence fût rompue, on ne laisseroit pas de délivrer les cent muids de blé par jour, jusqu’au jour de la rupture. M. le duc d’Orléans et M. le prince dirent hautement qu’il n’étoit pas vrai que l’on eût donné aux gens du Roi cette parole ; qu’ils n’avoient point eu d’autres ordres que ceux portés par les lettres écrites à M. le premier président, qui portoient que l’on fourniroit le blé selon ce qui se passeroit à la conférence. Lesdits sieurs députés répliquèrent que ladite conférence n’avoit été accordée dans le parlement que sur la parole apportée par lesdits gens du Roi ; que l’inexécution de cette parole donnoit sujet à la plainte du parlement, et au dessein qu’ils avoient de révoquer le pouvoir des députés ; que si l’on ne leur tenoit parole ils étoient obligés de ne passer pas plus avant. Sur cela, M. le prince leur avoit parlé fort hautement, et ils s’étoient retirés. M. le président Le Coigneux a pris la parole ensuite, et dit qu’il avoit été ce même matin voir M. le duc d’Orléans, et avoit été introduit dans sa chambre, étant devant le feu, ne faisant que se lever ; et qu’il lui avoit dit qu’il le venoit voir, non comme député mais comme son ancien domestique ; que M. le duc