Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/521

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coup de personnes penchoient du côté de la douceur, et vouloient que l’on pardonnât à la jeunesse de Hiérôme, soutenant que le crime de cette famille avoit été suffisamment puni par la perte du comte, et par celle de tous ses biens. Mais André Doria, passionnément animé contre elle, l’emporta encore une fois sur la clémence du sénat, et fut cause qu’il fit exécuter Hiérôme de Fiesque, Verrina, Calcagno et Assereto, et que l’on donna le sanglant arrêt contre Ottobon, qui porte défenses à sa postérité jusqu’à la cinquième race de s’approcher de Gênes.

Arrêtons-nous ici et considérons exactement ce qui s’est passé dans l’exécution de ce grand dessein. Tirons s’il nous est possible de ce nombre infini de fautes que nous y pouvons remarquer, des exemples de la foiblesse humaine ; et avouons que cette entreprise considérée dans ses commencemens comme un chef d’œuvre du courage et de la conduite des hommes, paroît dans ses suites toute pleine des effets ordinaires de la bassesse et de l’imperfection de notre nature. Car, après tout, quelle honte n’a-ce pas été pour André Doria d’abandonner la ville au premier bruit, et de ne pas faire le moindre effort pour essayer d’apaiser par son autorité cette émeute populaire ? Quel aveuglement d’avoir négligé les avis qui lui venoient de beaucoup d’endroits sur l’entreprise du comte ? Quelle imprudence fut celle de Jeannetin de venir seul et dans les ténèbres de la nuit à la porte de Saint-Thomas, pour remédier à un désordre qu’il n’avoit pas raison de mépriser, puisqu’il en ignoroit la cause ? Quelle timidité au cardinal Doria de n’oser sortir du palais, pour essayer de retenir le peuple par le respect de sa dignité ? Quelle imprudence au sénat de n’assembler pas toutes ses forces à la première alarme, pour arrêter d’abord le progrès des conjurés dans les postes principaux de la ville, au lieu d’y envoyer de foibles secours qui ne pouvoient faire aucun effet considérable ? Et quelle conduite enfin étoit celle-là de vouloir ramener par des remontrances un rebelle déclaré, qui avoit les armes à la main, et qui se voyoit le plus fort ? Mais après avoir traité dans les formes, quelle maxime a ce même sénat de violer la foi publique et de contrevenir à une parole si solennellement donnée à Hiérôme et Ottobon de Fiesque ? Car si la crainte d’un pareil traitement peut être utile à un État, en ce qu’elle retient