Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/529

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S’il est donc vrai, monseigneur, que la conduite que tient Votre Éminence ne peut pas réduire le cardinal de Retz au point où vous le désirez ; s’il est résolu, comme tous ses partisans le publient, de n’abandonner son archevêché qu’avec la vie ; s’il en a trop donné d’assurances au public, et s’il s’est à lui-même lié les mains sur ce sujet ; s’il est aussi véritable que le chemin que vous prenez augmente les forces et la défense de M. le cardinal de Retz ; s’il est impossible, quelque lenteur que vous supposiez dans les résolutions du Pape, qu’il n’en vienne enfin aux dernières extrémités ; et si tout ce que vous pouvez prétendre de plus avantageux dans cette occasion est de mettre les choses dans les termes d’un schisme et d’une division qui ne vous peut être que pernicieuse, sur quoi peut-on appuyer le conseil que l’on vous donne ? Et quel intérêt peut trouver Votre Éminence, en se mettant au hasard de rallumer dans le royaume les premiers feux et les troubles que les pernicieux avis de ceux qui vous approchent y avoient excités ?

Je ne dis rien à Votre Éminence qui ne soit parfaitement connu de tous ses partisans et de ceux qui se disent ses véritables amis ; et puisqu’ils ne veulent pas se rendre à des raisons si claires et si apparentes, Votre Éminence devroit, ce me semble, mieux juger de leurs intérêts et de leurs véritables intentions, et ne pas s’assujettir si fort à ces petits tyrans de son ministère.

J’entends parler de ceux qui, sous prétexte de vous servir, disoient pendant votre absence tous les jours à la Reine qu’il ne falloit pas tout-à-fait se conduire à votre mode : que vous n’étiez pas assez décisif ni assez entreprenant ; et bien d’autres discours qui peut-être avoient quelque fin plus secrète et plus cachée que celle de votre service, quoiqu’ils voulussent persuader qu’ils n’avoient point d’autre motif. Ce sont ces mêmes personnes qui, se voyant quelquefois plus reculées de l’honneur de vos bonnes grâces que leurs compétiteurs, avec qui ils entretiennent des divisions qui vous sont si préjudiciables, font afficher, sous le nom des partisans de M. le prince ou de M. le cardinal de Retz, des placards contre Votre Éminence ; et qui, pour en tirer le mérite, les font arracher avec éclat, et vous les présentent de leurs mains propres, comme un témoignage de la diligence avec la-