Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/55

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par l’aversion et par la peine qu’il a à les raconter.

Je vous ai dit que M. le comte d’Harcourt, commandoit les armées du Roi en Guienne, et qu’il y avoit les troupes de l’Europe les plus aguerries. Toutes celles de M. le prince étoient de nouvelles levées, à la réserve de ce que M. de Marsin avoit amené de Catalogne, qui ne faisoit pas un corps assez considérable pour pouvoir s’opposer à celles du Roi. M. le prince, à le bien prendre, soutint les affaires par sa seule personne. Vous avez vu ci-dessus qu’il s’étoit saisi de Saintes. Il laissa pour y commander M. le prince de Tarente[1]. Il retourna en Guienne, et se campa auprès de Bourg. Le comte d’Harcourt l’y suivit, et détacha le chevalier d’Aubeterre pour le reconnoître. Ce chevalier fut repoussé par le régiment de Balthazar, qui donna le temps à M. le prince de se poster sur une hauteur, où il fit paroître son corps si grand, quoiqu’il fût très-petit, que le comte d’Harcourt ne l’y osa attaquer. Il se retira à Libourne après cette action, qui fut d’un très-grand capitaine. Il y laissa quelque infanterie, et il alla à Bergerac, place fameuse par les guerres de religion, et il fit travailler à en relever les fortifications. M. de Saint-Luc[2], lieutenant de Roi en Guienne crut qu’il pourroit surprendre M. le prince de Conti, qui étoit logé avec de nouvelles troupes à Caude-Coste près d’Agen ; et il s’avança de ce côté-là avec deux mille hommes de pied et sept cents chevaux, des meilleurs qui fussent dans l’armée du Roi. Il fut surpris lui-même par M. le

  1. M. le prince de Tarente : Henri-Charles de La Trémouille, mort en 1672.
  2. François d’Epinay, marquis de Saint-Luc, lieutenant de roi en Guienne, gouverneur de Périgord ; mort en 1670. (A. E.)