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DU CARDINAL DE RETZ. [1652]

roient faites à tous les sujets du Roi de reconnoître le maréchal d’Hocquincourt, et autres qui assistent le cardinal, en qualité de commandans des troupes de Sa Majesté ; et qu’il seroit sursis à l’exécution de la déclaration et arrêt rendus contre M. le prince, jusqu’à ce que la déclaration et arrêts rendus contre le cardinal eussent été entièrement exécutés.

Ce qui se passa au parlement le 16 et le 19 janvier n’est d’aucune considération. M. de Nemours qui revenoit de Bordeaux, et qui passoit en Flandre pour en ramener des troupes que les Espagnols donnoient à M. le prince, arriva à Paris le soir du 19. Il est nécessaire de reprendre d’un peu plus haut le détail de ce qui concerne cette marche de M. de Nemours, qui donna beaucoup d’ombrage à Monsieur.

Je vous ai déjà dit, ce me semble, que M. le duc d’Orléans étoit cruellement embarrassé cinq ou six fois par jour, parce qu’il étoit persuadé que tout alloit à l’aventure, et qu’il étoit même impossible de faire bien. Il y avoit des momens où il prenoit de cette sorte de courage que le désespoir produit ; et c’étoit dans ces momens où il disoit que le pis qui lui pourroit arriver seroit d’être en repos à Blois. Mais Madame, qui n’estimoit pas ce repos pour lui, troubloit souvent la douceur des idées qu’il s’en formoit, et lui donnoit par conséquent des appréhensions fréquentes des inconvéniens qu’il ne craignoit déjà que trop naturellement. La constitution où étoient les affaires n’aidoit pas à lui donner de la hardiesse : car, outre qu’il marchoit toujours sur des précipices, les allures qu’il étoit obligé d’y suivre et d’y prendre étoient d’une nature à faire glisser les gens qui eussent été les plus fermes