Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 46.djvu/87

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deux échevins eussent été tués dans la salle du Palais sans M. de Beaufort, qui eut très-grande peine à les sauver.

Le 13, M. Quelin, conseiller du parlement et capitaine de son quartier, ayant mené sa compagnie au Palais pour la garde ordinaire fut abandonné de tous les bourgeois qui la composoient, et qui crioient qu’ils n’étoient pas faits pour garder des mazarins. Et le 24 du même mois, M. Mole de Sainte-Croix porta sa plainte en plein parlement de ce que, le 20, il avoit été attaqué et presque mis en pièces par les séditieux.

Vous observerez, s’il vous plaît, que toute la canaille qui seule faisait tout ce désordre, n’avoit dans la bouche que le nom et le service de messieurs les princes, qui dès le lendemain la désavouoient dans les assemblées des chambres. Ce désaveu, qui se faisoit au moins pour l’ordinaire de très-bonne foi, donnoit lieu aux arrêts sanglans que le parlement donnoit en toute occasion contre les-séditieux ; mais il n’empêchoit pas que ce même parlement ne crût que ceux qui désavouoient la sédition ne l’eussent faite ; et ainsi il ne diminuoit rien de la haine que beaucoup de particuliers en concevoient, et il accoutumoit le corps à donner des arrêts qui n’étoient pas, au moins à ce qu’il s’imaginoit, du goût de messieurs les princes. Je sais bien, comme je l’ai déjà dit ailleurs, que, dans les temps où il y a de la foiblesse et du trouble, ce malheur est inséparable des pouvoirs populaires : et nul ne l’a plus éprouvé que moi. Mais il faut avouer aussi que Monsieur et M. le prince n’eurent pas toute l’application nécessaire à sauver les apparences de ce