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DE CONRART. [1652]

pagnie qui y étoit de garde les vinrent reconnoître, et leur demandèrent ce qu’ils venoient faire là ? Ils répondirent qu’ils n’y étoient pas sans ordre : et les autres ayant répliqué que c’étoit eux qui avoient reçu l’ordre de faire la garde de ce poste-là, et qu’ils eussent à se retirer ; se voyant poussés, et étant les plus foibles de beaucoup, ils furent contraints de céder. Mais ce secrétaire, craignant pour son maître lorsqu’il sortiroit, et étant piqué lui-même de l’affront qu’il avoit reçu, retourna en diligence au quartier dont son maître étoit colonel, et fit prendre les armes à une compagnie, qui fut conduite par l’enseigne nommé Prévost, maître d’escrime. Cette compagnie étant arrivée jusques à la sentinelle de l’autre qui étoit de garde, voulut passer de force, et fut arrêtée ; de sorte qu’ils en vinrent aux mains, et le combat fut fort rude pour des bourgeois : car il y en eut plusieurs de tués, et entre les autres l’enseigne qui conduisoit la compagnie que le secrétaire de Champé avoit fait venir. Quelques personnes même, qui étoient à la fenêtre simplement pour regarder, furent tuées par des gens qui tiroient sans reconnoître : tant il est dangereux d’avoir affaire à ceux qui aiment mieux faire le métier des autres que le leur, et surtout à des bourgeois qui croient que les armes à feu se manient comme les plumes de leurs études, ou comme l’aune de leur boutique.

Dès-lors la plupart des présidens et conseillers firent résolution de ne plus entrer, si la ville ne donnoit ordre à leur sûreté ; et jusqu’au lundi premier juillet, il n’entra que quinze ou seize conseillers de toutes les chambres, grands frondeurs, qui croyoient