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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/121

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DE CONRART. [1652]

et donnoient ainsi dans le plancher, ils voulurent mettre la tête à la fenêtre pour parler au peuple, et leur crier qu’ils travailloient à presser l’union avec les princes ; ils en firent même un acte écrit en grosses lettres, signé d’eux tous, qu’ils jetèrent par la fenêtre ; et un marchand nommé Briseval, grand frondeur, que le zèle pour le parti des princes, et la curiosité de voir ce qui se passeroit à l’hôtel-de-ville, y avoit fait aller, mit un drapeau à la fenêtre, où il attacha un semblable acte d’union pour le faire voir à tout le peuple : mais tout cela ne servit de rien, et les attaquans étoient incapables de raison, ni d’entendre ceux-là mêmes qui étoient de leur propre sentiment, et qui leur offroient même plus qu’ils ne demandoient.

On reconnut alors (et le maréchal de L’Hôpital le remarqua plus particulièrement) qu’il y avoit d’autres gens que du peuple, qui savoient le métier de la guerre, et qui n’étoient pas seulement soldats, mais soldats choisis, et qui agissoient comme ils eussent fait à l’attaque d’une place, selon les règles de la guerre. En effet, ils furent fort surpris que tout d’un coup les coups ne venoient plus de bas en haut, comme au commencement, mais en droite ligne, et de vis-à-vis d’eux : ce qui leur fit croire qu’ils étoient perdus, et qu’il y avoit une conspiration faite pour cela. Il se trouva que plusieurs des soldats qui avoient eu la conduite de cette exécution, ayant vu le peuple tirer avec précipitation, étoient montés dans les chambres des maisons voisines, d’où ils tiroient régulièrement et de front. Néanmoins il ne s’est pas dit que pas un des députés en ait été tué ; car à l’instant qu’ils