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SUR CONRART.

neur qui alloit troubler la douce intimité de leurs relations. Cependant, sur les judicieuses observations de Chapelain, Boisrobert fut prié par la majorité de ses confrères de remercier de leur part le cardinal, et de l’assurer qu’ils se conformeroient à ses volontés. Les statuts de la Société furent dressés bientôt après par une commission dont Conrart étoit membre, en sa qualité de secrétaire ; et les académiciens en mirent le projet sous les yeux du cardinal de Richelieu.

Pellisson nous a conservé l’analyse d’un discours destiné à servir de préambule à ces statuts. Il est d’autant plus remarquable, que, dicté par un esprit prophétique, il annonce à l’avance les hautes destinées de la langue française. On y disoit : « Qu’il sembloit ne manquer plus rien à la félicité du royaume, que de tirer du nombre des langues barbares cette langue que nous parlons, et que tous nos voisins parleroient bientôt, si nos conquêtes continuoient comme elles avoient commencé. Que, pour un si beau dessein, le Roi avoit trouvé à propos d’assembler un certain nombre de personnes capables de seconder ses intentions.... Que notre langue, plus parfaite déjà que pas une des autres vivantes, pourroit bien enfin succéder à la latine, comme la latine à la grecque, si on prenoit plus de soin qu’on n’avoit fait jusqu’ici de l’élocution.... Que les fonctions des académiciens seroient de nettoyer la langue des ordures qu’elle avoit contractées, ou dans la bouche du peuple, ou dans la foule du Palais et dans les impuretés de la chicane, ou par les mauvais usages des courtisans ignorans, ou par l’abus de ceux qui la corrompent en l’écrivant, et de ceux