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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/133

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DE CONRART. [1652]

tionnés pour le service des princes, après avoir été exposés à un cruel massacre, et n’en étant échappés que par une espèce de miracle, avoient été enfermés cinq ou six heures en un lieu très-fâcheux et très-incommode où il les venoit de laisser, et qu’il le supplioit de leur donner moyen de se retirer en sûreté chez eux. Il les alla quérir, et les fit reconduire à leurs logis.

Le président Charton, dès qu’il vit qu’on commençoit à tirer aux fenêtres de l’hôtel-de-ville, crut que c’étoit une partie faite pour se défaire des mazarins, et qu’ayant toujours été frondeur outré, et des passionnés pour les princes contre la cour, il ne couroit aucun risque. Dans cette pensée, il se voulut présenter pour apaiser les esprits :, et comme il est grand parleur et étrangement impétueux, il cria mille fois qu’il étoit le président Charton, que l’on l’écoutât, que l’on vînt à lui, qu’il se donneroit pour otage, que les autres signeroient l’union, et tout ce qu’on voudroit : mais il eut beau crier et tempêter, il ne fut point écouté, et il courut plusieurs fois risque de la vie. On lui déchira ses habits ; sa calotte lui fut arrachée ; il eut plusieurs coups, et entre autres un de la hampe d’une hallebarde à la cuisse, qui en fut toute meurtrie : ce qui lui fit reconnoître enfin, quoiqu’un peu tard, que le jeu se faisoit sans choix et sans distinction : de sorte qu’il se retira, comme j’ai dit, au lieu d’où le duc de Beaufort le vint dégager. Étant retourné chez lui, il se mit au lit, et se trouva mal plusieurs jours. Le lendemain vendredi 5, M. d’Orléans envoya deux fois un gentilhomme chez lui pour le prier de se trouver le samedi suivant au