Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
[1652] MÉMOIRES

« homme de parole. » Et en effet, lorsqu’ils y furent il leur donna les vingt pistoles, et les remercia même beaucoup de l’assistance qu’il avoit reçue d’eux.

De Poix, ancien marchand, et l’un des administrateurs de l’Hôtel-Dieu, fort âgé et cassé, rencontra à l’endroit par où il sortit quantité de bateliers et d’autres gens de dessus les ports qui le reconnurent, et, au lieu de lui mal faire, le reconduisirent paisiblement en son logis, en disant que c’étoit un des pères des pauvres.

Muysson, bourgeois de la rue des Cinq-Diamans, ayant été avec Lallemand, conseiller aux requêtes, et Du Pilles, secrétaire du Roi, députés du même quartier que lui, jusques à la chaîne de la rue de la Tixeranderie, qui fermoit la Grève, entendit des soldats de la compagnie de Trottier qui grondoient en les voyant passer, et disant que c’étoient des mazarins, et qu’il les falloit mettre par terre : ce qui lui fit juger qu’il pourroit arriver du désordre. Il passa néanmoins par un détour jusqu’à l’allée qui mène au Saint-Esprit[1], où il ouït encore des murmures, et qu’on parloit de ce qu’il n’avoit point de paille à son chapeau, n’ayant pas encore ouï dire qu’il en fallût mettre. Ce fut une invention de Mademoiselle, qui s’avisa d’ordonner que tous ceux qui ne voudroient point passer pour mazarins porteroient de la paille à leur chapeau, comme avoient fait les soldats des princes pour se reconnoître le jour du combat de la porte St.-Antoine ; et dès-lors tout le monde généralement en porta, même les femmes, les enfans, les gueux, et

  1. L’allée qui mène au Saint-Esprit : Elle est murée depuis environ vingt ans.