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[1652] MÉMOIRES

plus attachés à M. le prince n’avoient point été d’avis de donner le titre de lieutenant général à M. d’Orléans ; et Cumont demandant à un de ses confrères, qui étoit aussi bien que lui dans les intérêts de M. le prince, pourquoi il avoit été pour ce titre, l’autre lui dit qu’il avoit cru que M. le prince le souhaitoit ainsi ; mais Cumont lui repartit : « N’avez-vous pas bien vu que je n’ai pas été de cet avis-là ? » Cumont dit pourtant à une personne de qui je l’ai appris qu’il n’en avoit pas été, parce qu’il croyoit qu’on ne pouvoit en être en conscience. Le Boult, conseiller de la cinquième, fort contraire à la cour, fort attaché aux princes, mais aussi fort homme d’honneur et fort ferme, opina plus de deux heures aussi vigoureusement qu’il est possible, et soutint, par des raisons et des exemples qui ne recevoient point de contredit, que la régence ni la lieutenance générale ne pouvoient être données à personne par le parlement seul. On remarqua que Broussel, qui apportoit toujours ses avis de son logis tout écrits, et souvent d’un jour à l’autre directement contraires, selon qu’on les lui avoit suggérés, tant la foiblesse de son grand âge ou la préoccupation contre la cour (d’autres disent une malice cachée, et une crainte de la punition des choses qu’il avoit faites contre l’État, et dont il se sentoit irrémissiblement coupable) lui faisoient avoir peu de soin de son honneur, ce jour-là avoit composé son opinion de telle sorte qu’il donnoit à M. d’Orléans toute l’autorité et toutes les marques de la royauté, et ne laissoit que le nom du Roi vain et inutile à Sa Majesté : ce qui fit dire à Catinat[1], conseiller, qui étoit presque

  1. À Catinat : Pierre Catinat, seigneur de La Fauconnerie, mourut