Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
[1652] MÉMOIRES

tenance générale ; de quoi M. d’Orléans étant piqué, et craignant de n’avoir pas ce titre parce qu’il voyoit les voix presque partagées, il lui fit dire de main en main par les ducs et pairs qu’il ne savoit pas pourquoi il ne lui vouloit pas faire l’honneur de lui donner sa voix ; de sorte qu’il fallut qu’il revînt à l’avis de Broussel avec sept autres, du nombre desquels fut Le Musnier, qui avoit ouvert l’autre avis la veille, parce qu’on l’avoit gagné par promesses et intimidé par menaces. L’abbé de Gaillac, maître des requêtes, fut aussi un de ces sept.

En ce temps-là M. d’Orléans, Mademoiselle, M. le prince, le duc de Beaufort, et tous ceux de leur parti et de leur cour, alloient le soir se promener chez Renard, et là tenoient une espèce de conseil. Il s’y trouvoit aussi des conseillers au parlement qui avoient été frondeurs outrés, et qui avoient au commencement porté si haut l’autorité de leur compagnie, qu’il sembloit qu’ils fussent des sénateurs romains. Mais depuis le 25 juin et le 4 juillet, étant entièrement déchus de tout pouvoir et de tout crédit, M. le prince les avoit traités de petits garçons et presque de faquins, et néanmoins ils avoient encore la lâcheté de faire leur cour aux princes aussi assidûment que s’ils en eussent été parfaitement bien traités. De ce nombre étoient Croissy, Camus, Pontcarré, etc. Ils ne laissoient pas aussi dans les assemblées du parlement d’opiner favorablement pour les princes, quoiqu’ils fussent enragés contre eux, tant pour le général de leur compagnie que pour leur particulier, parce qu’ils n’avoient point d’autre parti à prendre, ayant trop offensé la cour pour s’y raccommoder, et craignant le mauvais traitement