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DE CONRART. [1652]

Bullion, surintendant des finances, et Cornuel, président des comptes, qui conduisoit tout le détail des affaires sous lui, vinrent à goûter Galland, sur lequel ils se déchargeoient de ce qu’il y avoit de plus pénible, parce que Bullion ne vouloit faire que le gros, et que Cornuel étant malsain et homme de plaisir, étoit bien aise d’avoir quelqu’un qui le soulageât. Ce fut donc par cette voie que Galland fit une si grande fortune, ayant fait bâtir la belle maison de Petit-Bourg près d’Essone, qui est aujourd’hui à l’abbé de La Rivière, et possédant des biens immenses lorsqu’il mourut, tant en argent qu’en autres bons effets. Mais, au milieu de cette abondance et d’une fortune si riante, lui et sa femme avoient le déplaisir de n’avoir point d’enfans, quoiqu’ils en désirassent extrêmement pour leur laisser tous ces grands biens qu’ils avoient acquis. Il étoit encore assez jeune quand il mourut, et il laissa, selon le bruit commun, plusieurs millions, qui furent partagés entre sa femme, laquelle en emporta plus de moitié à cause de la communauté, et son frère, qui est encore aujourd’hui secrétaire du conseil.

Sa femme demeura quelque temps veuve ; mais ayant beaucoup de passion d’avoir des enfans, d’acquérir quelque qualité dans le monde, et de se mettre à couvert de la persécution qui s’étoit élevée contre les partisans et les gens d’affaires, et dont elle s’étoit déjà sentie en plusieurs rencontres, surtout durant le blocus de Paris en 1649, elle fit résolution de se remarier à quelque homme de bon âge, et des plus qualifiés de la robe : ce qu’ayant communiqué à ses plus particuliers amis, ils lui proposèrent divers partis ; mais entre tous elle s’arrêta à Saint-Envestre, fils aîné