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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/207

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DE CONRART.

dinal Mazarin, ce conseiller ayant toujours été un des plus violens frondeurs, et elle n’ayant point d’habitude particulière avec lui : ce qui lui fit juger qu’il falloit que cette femme fût animée au dernier point contre son mari, puisqu’elle recherchoit même ses ennemis pour prendre conseil de ce qu’elle devoit faire contre lui. Garnier dit à Daurat que madame Le Coigneux vouloit peut-être lui parler de ses mécontentemens contre monsieur son mari, et de la séparation qu’elle avoit envie de demander en justice. À quoi Daurat répondit que si c’étoit pour cela qu’elle l’avoit envoyé quérir, il alloit lui dire qu’elle avoit grand tort d’être venue en ce lieu-là ; qu’il falloit qu’elle retournât avec son mari ; et qu’à moins que d’avoir attenté à sa vie, elle n’avoit aucune cause légitime de le quitter. Sur quoi Garnier s’en retourna chez lui, et le laissa monter au parloir, où il dit à la présidente les mêmes choses, mais sans effet. Cependant le mari, voyant que tout ce qu’il avoit fait n’avoit rien produit, se résolut à laisser là sa femme, jusqu’à ce qu’il lui prît envie de revenir ; mais il représenta lui-même, et fit aussi représenter par d’autres, à la supérieure de ce couvent, le tort qu’elle avoit d’avoir reçu et de retenir chez elle une femme mariée, et mariée à un homme de cette qualité, qui la pouvoit venir reprendre, et la mettre en peine ; outre qu’un homme de sa condition lui pouvoit nuire en beaucoup de rencontres. Cette supérieure reconnoissant alors qu’elle avoit fait une faute, se résolut de la réparer en travaillant à la réconciliation du mari et de la femme ; et en effet elle s’y prit si bien, qu’en peu de temps elle la détermina à revoir son