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[1652] MÉMOIRES

pour cela, et virent d’autres communautés régulières qui firent la même chose ; et chacun en particulier demeuroit d’accord qu’il falloit faire une députation générale au Roi pour lui aller demander la paix sans condition.

D’autre côté, les marchands qui alloient en foule chez M. Le Prévôt s’assembloient en plusieurs endroits, et particulièrement aux Augustins ; et, sans se soucier des défenses de M. d’Orléans et des menaces de M. le prince, ils continuèrent tous les jours ces assemblées, et souvent ils alloient trouver Son Altesse Royale pour lui demander la paix.

Ce compliment des marchands souvent réitéré, et d’autres semblables que leurs femmes alloient faire au Luxembourg, embarrassoient les affaires de M. le prince, jusque là que Leurs Altesses appelèrent plusieurs fois ceux qui leur alloient faire ces harangues des séditieux et des rebelles ; mais l’importunité du peuple les obligea de faire retirer leurs troupes de Suresne et de Saint-Cloud, et la crierie de cent ou quatre-vingts femmes qu’on envoyoit au Palais demander la paix aux princes fut si grande, que M. le prince en vint aux invectives avec deux ou trois des plus résolues, leur reprochant qu’elles étoient payées par les mazarins ; et elles eurent assez de hardiesse pour lui répondre qu’elles n’étoient pas femmes à dix-sept sols comme les assassins de l’hôtel-de-ville[1]. Cette aversion du peuple pour M. le prince, et les belles dispositions qu’on voyoit à recevoir le Roi et toute la

  1. On a vu dans les Mémoires de Conrart que le massacre du 4 juillet 1652 paroît avoir été au moins toléré par le prince de Condé. (Voyez p. 136 et 137 de ce volume.)