Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
320
[1652] MÉMOIRES

cher les intérêts de M. le prince jusque dans le camp des Lorrains et des Allemands. Ce père donc ne manquoit pas d’aller en quantité de lieux faire le zélé pour le bien de l’État, et disoit partout que véritablement tout le monde devoit souhaiter le Roi avec grande passion, qu’il n’y avoit personne qui ne le dût désirer à Paris : mais que nous ne devions point espérer de paix tant que la Reine seroit auprès de son fils ; qu’elle avoit le Mazarin dans le cœur, quoiqu’il ne fût pas auprès d’elle ; que l’intérêt du Roi son fils ne lui étoit pas considérable, et qu’elle exposeroit, tant qu’elle vivroit, les peuples dans toutes sortes de malheurs, lorsqu’elle connoîtroit qu’ils choqueroient ses sentimens et ses desseins pour le rétablissement du Mazarin ; qu’ainsi tant que cette femme seroit auprès du Roi, toute la France ne devoit espérer que misère ; et puisque les princes avoient encore leur armée sur pied, il falloit s’en servir à pousser la Reine à bout, et trouver moyen de se saisir de sa personne, afin qu’après l’avoir mise en lieu de sûreté, et exterminé tous les ministres qui étoient auprès du Roi, on pût mettre Sa Majesté entre les mains des princes, lesquels, comme enfans de la maison royale et intéressés dans la conservation de la couronne, gouverneroient l’État dans la tranquillité, et travailleroient efficacement pour le soulagement des peuples. Que M. le prince avoit les meilleurs sentimens du monde pour la ville de Paris, qu’il se tuoit pour sa conservation, et que tout le bien qu’il avoit dépensé à faire la guerre ne lui seroit pas considérable, pourvu qu’il pût mettre le peuple en repos.

Avec ces belles et malicieuses paroles, ce bon père