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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

nommèrent des députés pour aller demander au Roi la paix et son retour ; et alors M. le cardinal de Retz, pour faire croire à la cour et au peuple de Paris qu’il étoit l’auteur de cette députation, en voulut être le chef, pour dire qu’il l’avoit provoquée, quoiqu’il n’y eût point contribué, et que c’eût été M. Le Prévôt seul qui l’eût fait faire[1].

Pendant que toutes choses se disposoient si bien dans Paris pour le retour du Roi, les troupes du duc de Lorraine et celles de Wirtemberg arrivèrent auprès de Villeneuve-Saint-Georges ; et ce duc et le chevalier de Guise auprès d’Orléans, le 5 de septembre.

La venue de M. de Lorraine ne surprit pas moins les négociateurs qu’elle étonna la cour ; et personne ne pouvoit comprendre qu’après des paroles si solennelles qu’il avoit données au Roi il n’y avoit pas quinze jours, il voulût, à la vue et au su de tout le monde, faire gloire de ne rien tenir de ce qu’il promettoit.

Les malintentionnés pour le service du Roi firent chez eux des feux de joie de cette arrivée, et courre le bruit par la ville que ce duc devoit combattre l’armée du Roi ; qu’infailliblement il triompheroit du maréchal de Turenne, et qu’il l’ameneroit dans Paris dans peu de jours, mort ou vif ; qu’après cela M. le prince iroit assiéger Pontoise, et prendre le Roi entre les bras de sa mère. Cela fit chanceler le peuple ; et

  1. Le cardinal de Retz attribue à l’abbé Fouquet des intelligences que la cour entretenoit avec les bourgeois de Paris. Le frère du surintendant n’est cependant pas nommé dans les Mémoires de Berthod, dont le récit coïncide avec celui du marquis de Montglat et avec celui de Joly. Ce dernier dit que les députés les mieux reçus furent ceux de la bourgeoisie, qui étoient ceux dont la cour avoit le plus besoin pour assurer le retour du Roi dans Paris.