Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
358
[1652] MÉMOIRES

duc de Bournonville et du sieur de Bourgon, qui étoit de se saisir de l’île Notre-Dame, dont ils répondoient à la cour sur leur vie. Pour cet effet ils mettoient trois cents hommes incognito dans les cabarets et dans plusieurs maisons de l’île, et en demandoient mille ou douze cents, qu’on leur enverroit aisément si l’armée des princes se retiroit ; et quand même elle ne le feroit pas, pourvu que le maréchal de Turenne passât la rivière, et qu’il fit mine de vouloir attaquer le pont des princes, que les troupes ennemies romproient elles-mêmes le voyant attaqué, et par là donneroient moyen au maréchal de Turenne de donner les mille ou douze cents hommes, qu’on feroit entrer par la porte Saint-Bernard, de laquelle on étoit déjà assuré par le moyen de M. de La Barre, beau-frère de M. de Bourgon.

Par ce poste-là, en cas de nécessité, on pouvoit aisément résister à l’armée des princes, au cas qu’elle se voulût opposer à l’entrée du Roi ; et la chose étoit d’autant plus infaillible, que dans le même temps qu’on se rendroit maître de l’île on exécuteroit le dessein de la Bastille.

Ce fut le 5 d’octobre que ces plans furent envoyés à la cour, dans la pensée que les négociateurs avoient que le Roi s’approcheroit de Paris deux jours après, parce que toutes les choses se préparoient admirablement pour y faciliter l’entrée à Sa Majesté et à toute la cour. Cependant les colonels avoient fait assembler chacun chez eux les officiers de leur colonelle, où ils résolurent que tous unanimement recevroient les ordres du Roi, lui faciliteroient son entrée dans la ville, ouvriroient telles portes que Sa Majesté