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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/367

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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

ville, Le Prévôt, Pradelle, Rubentel, Bourgon et le père Berthod. Le dernier, par l’avis des autres, l’écrivit à la cour, et lui fit connoître qu’il n’y avoit plus de risque à prendre cette place ; que l’affaire s’exécuteroit le troisième jour après la lettre reçue ; que la Bastille étant prise, on avoit parole des capitaines qui étoient en garde à la porte Saint-Antoine et à l’Arsenal, et des bons bourgeois, d’en faire faire des feux de joie, et de faire boire dans ces quartiers-là à la santé du Roi aussitôt que la chose seroit exécutée. Ce n’est pas qu’on eût découvert le dessein à ceux qui dévoient faire ces réjouissances ; mais on étoit assuré d’eux qu’ils feroient tout ce qu’on voudroit après l’exécution d’une affaire importante pour le service du Roi et pour le repos de la ville.

La garde de la porte St.-Martin se monta le 17 d’octobre avec le ruban blanc au chapeau ; on y fit boire tous les passans à la santé du Roi, et dans ce temps-là vingt-cinq ou trente cavaliers, officiers ou gardes de M. le prince et de M. de Beaufort, se présentèrent à la porte avec un passe-port de M. d’Orléans, que les soldats bourgeois déchirèrent en pièces, et poussèrent ces cavaliers si vigoureusement qu’à peine purent-ils atteindre le logis de M. de Beaufort pour leur servir d’asyle.

Tout cela se fit par les soins du sieur de Poix, qui fit un festin solennel dans le corps-de-garde à toute la compagnie, à laquelle il avoit donné le ruban blanc. Il fut secondé en ce rencontre des sieurs de Chazan et de Ligny, à l’exemple desquels toute la compagnie fit des merveilles pour le service du Roi. Les colonels, qui pendant ce temps-là étoient allés