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[1652] MÉMOIRES

Plusieurs se dirent l’un à l’autre qu’il falloit continuer ce dessein ; qu’ils ne devoient plus souffrir l’oppression dans laquelle ils étoient, et qu’il falloit secouer le joug des princes et sortir de la tyrannie de l’Ormée.

Le sieur Le Roux fit savoir cette bonne intention au père Berthod, qui étoit à Blaye, par deux capitaines qu’il lui envoya ; et depuis ce temps-là jusqu’au 11 de février 1653, que ce père alla en cour, il avoit un commerce par lettres deux fois la semaine avec plus de cinquante bourgeois de la ville, avec lesquels il n’eût pu agir s’il eût demeuré dans Bordeaux ; et l’on peut dire que la fuite du père Berthod, et la rumeur qu’on avoit faite à sa sortie, étoit incomparablement plus utile au service du Roi que n’eût été son séjour dans la ville, quoiqu’il n’eût pas été découvert.

Le père Ithier pendant ce temps-là passoit pour anathème dans l’esprit des Bordelais bien intentionnés, qui l’accusoient d’avoir découvert le dessein du père Berthod, qui, pour le leur mieux persuader, leur écrivoit qu’il avoit été trahi par lui, afin que personne du parti des princes ni Leurs Altesses même ne crussent qu’ils eussent intelligence ensemble : aussi leur commerce fut-il si secret qu’il n’y avoit personne qui le sût, que la mère Angélique, supérieure des carmélites du petit couvent, le sieur de Boucaut, conseiller, et sa femme, le père Galtery, le sieur Le Roux, et le sieur de La Chaise son gendre. Le père Ithier continua donc d’écrire au père Berthod pendant le temps qu’il fut à Blaye ; il l’avertit qu’il s’étoit découvert à la mère Angélique, qui pouvoit beaucoup servir dans leur dessein. Ces deux pères avec M. de Boucaut en