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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

imprévues et avoit régné par la violence, elle fut détruite par d’autres assemblées de la jeunesse bien intentionnée, qui la dissipa par la force et par les menaces.

Cependant le prince de Conti, qui n’avoit plus de crédit dans Bordeaux, tint conseil chez lui, où il proposa de prendre ce qui restoit de cavalerie et le duc d’Enghien, de passer en Espagne ou périr, et d’envoyer devant Balthazar à Tartas ; mais Lenet et Marchin s’y opposent, aussi bien que les princesses. Le prince de Conti voyant donc que les Bordelais traitoient leur paix séparément, et d’ailleurs se plaignant de M. le prince, qui l’avoit très-maltraité, et qui avoit, dans une infinité de rencontres, témoigné plus d’inclination et de déférence pour Lenet et pour Marchin que pour lui, traite séparément avec M. de Candale pour lui seul et pour sa maison, et ne demanda pour lors des passe-ports que pour madame la princesse, Marchin et Lenet, afin d’aller trouver M. le prince, pour madame de Longueville pour aller à Montreuil-le-Bellay en Poitou, et un autre pour lui, pour se retirer en une de ses maisons ; et après avoir tous signé ce traité, ils sortirent de Bordeaux le deuxième d’août.

Depuis le 26 de juillet jusques au jour du traité de paix, qui fut le 30, il y eut un nombre inconcevable d’habitans de Bordeaux qui alloient et venoient à Lormont, pour témoigner leur joie de ce qu’on leur vouloit accorder la paix ; et dans ce rencontre M. de Comminges, lieutenant général, qui occupoit le poste où étoient lors les généraux, fit de grandissimes dépenses pour gagner le cœur des Bordelais ; car il leur tint table ouverte sept ou huit jours durant. Enfin le