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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/44

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[1652] MÉMOIRES

un passe-port de la cour pour aller à Saint-Germain le dimanche, il lui fut refusé : ce qui confirmoit encore la pensée que l’accord étoit conclu secrètement ; joint que l’armée du Roi et celle des princes étoient depuis long-temps proches l’une de l’autre, sans avoir fait aucune chose que de piller et ravager les environs de Paris, quoique celle du Roi fût en état de battre celle des princes. À quoi il faut ajouter que M. le prince ne bougeant de Paris, cela faisoit croire qu’il ne travailloit qu’à gagner l’esprit de M. d’Orléans pour achever l’accommodement.

Le mardi matin (30 avril), messieurs les princes furent au parlement, et dirent ce qui s’étoit passé à Saint-Germain, et que la reine d’Angleterre s’y étoit rendue le lundi pour continuer la médiation qu’elle avoit commencée. On cria fort qu’il ne falloit point de Mazarin ; et il fut résolu que les gens du Roi iroient prendre jour et heure de Sa Majesté pour l’audience des députés qui doivent faire les nouvelles remontrances, et qu’on s’assembleroit le jeudi suivant.

Cependant les gens de M. le prince gardoient toujours les ponts de Charenton, de Neuilly et autres, qui avoient été rompus. Les troupes du Roi et des princes étoient aussi toujours depuis Chartres jusques à Étampes, où elles faisoient des ravages étranges ; et tous les jours on entendoit parler de quelque nouvelle maison qu’ils avoient pillée. Le mardi, après dîner, Son Altesse Royale et M. le prince étant au palais d’Orléans, le prévôt des marchands[1] et deux des éche-

  1. Le prévôt des marchands : Jérôme Le Feron, président des enquêtes, prévôt des marchands, mort en 1689. « Il étoit, dit le cardinal de Retz, tout-à-fait dépendant de la cour. »