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[1652] MÉMOIRES

ner à un ambassadeur, le chevalier de Guise et le prince d’Harcourt dirent que s’il se couvroit ils lui arracheroient son chapeau : ce qui ayant été rapporté à la Reine, elle dit que s’ils étoient si insolens que de l’entreprendre devant le Roi, il leur falloit passer l’épée au travers du corps.

On parloit alors de donner à M. de Vendôme un brevet de dernier prince du sang.

Depuis cela M. de Turenne a fait avancer quelques troupes, qui ont pillé Palaiseau, Longjumeau et tous les environs. Des coureurs sont venus jusques au Bourg-la-Reine, et même jusqu’à Villejuif, qui tient presque au faubourg de Paris, où l’alarme est toujours très-grande. Tous les habitans transportent leurs meubles dans la ville, effrayés par les paysans qui viennent des villages circonvoisins pour s’y réfugier. La nuit de lundi à mardi, tout le faubourg Saint-Germain fut même sous les armes. M. le prince mit quatre cents hommes de pied dans les Carmes déchaussés[1], trois cents chevaux dans la rue de Tournon, environ autant dans la sienne ; et garnit ainsi tous les environs du palais d’Orléans des gens de guerre qu’il a levés ici, lesquels on fait monter à près de quatre mille hommes. On croyoit hier que M. de Turenne avoit dessein de passer au-dessus de Meudon pour venir attaquer le pont de Saint-Cloud ou le port de Nully[2], que les gens des princes tiennent, et où ils se fortifient, au moins au dernier ; mais je n’en ai encore pu rien apprendre. Dans la ville tout est extrêmement paisible ; si bien qu’il semble qu’elle soit à dix lieues

  1. Les Carmes déchaussés : Rue de Vaugirard, près de la rue Cassette.
  2. Le port de Nully : Ou Neuilly.