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[1652] MÉMOIRES

se désistoient de la négociation, et leur dit même que Chavigny avoit offert à la cour de signer qu’il ne vouloit plus avoir d’attaches avec M. le prince ; mais on lui manda qu’au contraire on désiroit qu’il ne rompît pas avec lui, et qu’il continuât à négocier. On avoit été long-temps à contester sur la retraite du cardinal Mazarin, parce que M. d’Orléans ne vouloit point ouïr parler de traiter sans cela ; à quoi le cardinal de Retz, tant par lui-même que par Madame, qu’il excitoit de plus en plus à affermir Monsieur, son mari, dans cette pensée, le portoit de tout son pouvoir, sachant bien que M. le prince désiroit au contraire qu’il demeurât, de peur que le cardinal de Retz ne prît sa place, qui étoit la chose du monde qu’il craignoit le plus. On étoit pourtant enfin convenu de ce tempérament, que le cardinal Mazarin se retireroit pour quelque temps à Bouillon : mais une des plus grandes difficultés fut la paix générale, dont le cardinal Mazarin vouloit être plénipotentiaire pour le Roi, et M. le prince le vouloit être aussi ; l’un voulant changer par cette action l’horrible aversion du peuple contre lui en affections et en bénédictions, afin de pouvoir rentrer dans les affaires, ou du moins de pouvoir demeurer en France avec un grand et paisible établissement ; et l’autre voulant faire connoître aux Espagnols que c’étoit lui qui leur auroit procuré une paix avantageuse, tant pour se dégager de la parole qu’il leur en avoit donnée, que pour les obliger à l’assister une autre fois en cas de besoin. Il y eut aussi contestations pour les récompenses de ceux qui l’avoient servi en cette rencontre, pour lesquels il en demandoit de très-grandes, comme une