injustement ; je suis venu pour faire la paix ou la guerre pour vous. Si vous voulez vous détacher de M. le prince, j’irai à la cour ; sous quatre jours je vous rapporte la paix signée, avec l’éloignement du cardinal. Si vous ne voulez pas ce parti, résolvez-vous à la guerre tout de bon ; trouvez moyen de faire huit mille hommes : je vous en donnerai quatre mille ; j’en ferai encore quatre mille, et vous donnerai de l’argent pour les entretenir six mois. » M. d’Orléans n’ayant point voulu entendre à se séparer de M. le prince, Châteauneuf acheva le traité de la cour avec le duc de Lorraine, sans que M. ni madame d’Orléans, ni M. le prince, en sussent rien ; mais il ne cela pas que c’eût été par son ministère, quand le duc de Lorraine se fut retiré.
Le mardi au soir 4 juin, ayant su que l’on donnoit les violons à la place Royale, il pria mademoiselle de Chevreuse de l’y mener ; mais comme il ne vouloit pas être connu, il fut avisé qu’on le couvriroit d’une grande écharpe que lui prêta madame de Maugiron, et que l’on diroit que c’étoit l’abbesse du Pont-aux-Dames[1], qui est sœur de mademoiselle de Chevreuse. Comme on lui eut mis cette écharpe, mademoiselle de Chevreuse aperçut un carrosse qui se promenoit par la place, et envoya demander qui étoit dedans. On lui dit que c’étoit madame de Bois-Dauphin[2], qui avoit pris mademoiselle de Rambouil-