Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
DE CONRART. [1652]

voulut point la donner, disant que si Tonquedec l’avoit mis en état de lui demander quelque chose, il la pourroit donner ; mais qu’ayant à attendre quelque message de sa part, il ne le pouvoit. Si bien qu’on lui donna un exempt, et on chargea un autre de chercher Tonquedec, et de lui commander de sortir de Paris. Mais depuis on résolut de le faire chercher pour le faire arrêter, et le maréchal de Schomberg fut averti de cette querelle, afin de donner ordre que Tonquedec ne sortît point de Paris qu’il ne se fût accommodé. On le chercha, mais il ne se trouva point. C’est ainsi que le conte le duc de Rohan ; mais la marquise de Sévigné soutient qu’elle ne lui avoit point promis de ne recevoir plus Tonquedec chez elle, et que lorsqu’il sortit il n’étoit pas même fort piqué contre lui ; mais qu’étant retourné à son logis, la duchesse sa femme lui dit que l’affront étoit trop grand pour le souffrir, et qu’il en falloit tirer raison : ce qui le porta à retourner chez la marquise de Sévigné, où il parla à Tonquedec, et le menaça comme s’il eût été son valet. Ce que voyant la marquise de La Trousse l’aînée[1], tante de la marquise de Sévigné, et Marigny[2], qui s’y rencontrèrent, ils contraignirent par prières Tonquedec à se retirer, pour éviter les mauvaises suites que cette action pouvoit avoir. Tout le monde, et principalement toutes les dames, blâmèrent fort le procédé du duc de Rohan à l’égard de

  1. La marquise de La Trousse l’aînée : Henriette de Coulanges, veuve de François Le Hardi, marquis de La Trousse, tué au siége de Saint-Omer le 8 juillet 1638.
  2. Et Marigny : Jacques Charpentier de Marigny, poëte médiocre, auteur du Pain béni, et de jolis couplets sur les événemens du temps de la Fronde. Il mourut en 1670.