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DE CONRART. [1652]

princes, en revint ce jour-là, et fit afficher des placards aux coins des rues, que l’on eût à s’assembler l’après-dîner dans la place Royale, pour aviser aux moyens de faire cesser les désordres des gens de guerre, et de chasser le Mazarin pour avoir la paix. Il s’y trouva quelques coquins payés pour faire du bruit ; et la curiosité y fit aller un grand nombre de toutes sortes d’artisans, que les autres excitoient à la sédition. Le duc de Beautort les harangua au milieu et aux quatre coins de la place ; ils lui demandèrent ce qu’il falloit faire ; ils lui offrirent d’employer leur vie pour son service, et de vendre jusques à leurs manteaux s’il le falloit. Il répondit que l’armée des mazarins étoit aux portes de Paris, qui alloit être bloqué par eux si on n’y donnoit promptement ordre ; que M. d’Orléans, M. le prince et lui faisoient tout ce qui leur étoit possible pour les assister : mais que l’on ne s’aidoit point ; que le parlement les trompoit ; qu’il étoit rempli de partisans du Mazarin, aussi bien que l’hôtel-de-ville ; qu’il falloit changer les colonels et les capitaines, contribuer pour faire des levées, aller aux maisons des mazarins, dont il leur donneroit la liste, pour les chasser de Paris ou pour les piller ; et que si on le vouloit croire et le laisser faire, dans trois mois le Mazarin seroit hors de France, et on auroit la paix. Après il les exhorta de se trouver le lendemain, à cinq heures du matin, au Palais, avec des armes, afin de réduire le parlement à s’unir avec les princes, et à donner ordre aux levées qu’il falloit faire[1].

  1. Donner ordre aux levées qu’il falloit faire : Le cardinal de Retz dit qu’il lui fut rapporté que le duc de Beaufort s’etoit contenté d’enga-