Mémoires. Il s’en présente beaucoup d’autres de cette espèce dans toute la suite de l’ouvrage, surtout un récit des campagnes beaucoup mieux détaillé qu’on ne le voit nulle part ailleurs ; et on ose assurer que par ce seul endroit l’ouvrage mérite l’approbation du public, puisque par là il sera toujours d’un grand secours pour la perfection de l’histoire du dernier siècle.
L’auteur est exact dans les faits, judicieux dans les réflexions, critiquant avec impartialité les ministres et les généraux français. Le caractère et la conduite des cardinaux premiers ministres y sont parfaitement développés ; et aucuns Mémoires ne donnent une idée plus nette et plus vraie de toute la cour de Louis xiii et de la minorité de Louis xiv. Il parle comme témoin oculaire dans la plupart des événemens qu’il raconte, et dans les autres il a sans doute suivi les relations qu’il jugeoit les plus fidèles. Il avoit d’ailleurs la mémoire si belle et l’esprit si orné, qu’on l’appeloit communément à la cour Montglat la bibliothèque.
On s’apercevra aisément que son style n’est ni assez pur ni assez élégant ; mais il faut s’en prendre aux temps où il a écrit. Il est même certain qu’il n’a jamais eu dessein de publier son ouvrage ; et c’est une espèce de larcin qu’on fait aujourd’hui à cet illustre mort. C’est là la source des négligences qu’on
