Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 49.djvu/8

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de Chiverny, petit-fils du marquis de Montglat. Ce père regardoit ce manuscrit comme un dépôt précieux. Il l’avoit fait lire à M. le duc de Bourgogne, père du Roi, qui le tenoit toujours sous la clef, sans le laisser voir à personne, parce qu’il contenoit des faits qui pouvoient intéresser quelques familles de la cour. Le duc de Bourgogne le lui rendit après l’avoir lu. Le père de La Rue le prêta long-temps après au père Bougeant, auteur de l’Histoire du traité de Westphalie, qui le fit imprimer après la mort du père de La Rue chez la veuve Ribon, avec une permission tacite. C’est le père Bougeant qui a composé l’avertissement qu’on lit à la tête de ces Mémoires. Les événemens de la guerre y sont détaillés avec beaucoup d’ordre et de clarté : tout ce qu’il dit des intrigues de la cour paroît écrit sans passion et sans partialité ; et il y a telle circonstance où l’on peut fort bien opposer son témoignage à celui du cardinal de Retz[1]. »

L’auteur de l’Esprit de la Fronde n’a point porté sur ces Mémoires un jugement moins favorable. « Vous trouveriez difficilement, dit-il, un recueil plus nourri, plus plein de choses, et en général plus exact et plus fidèle. Le style pourroit être mieux : mais c’est celui d’un courtisan, d’un homme du monde qui s’attache plus aux faits qu’à la narration, et qui cependant se fait lire parce qu’il n’est ni pesant ni guindé, parce qu’il laisse courir sa plume sur le papier comme la parole dans la conversation. On se défieroit plus de sa vivacité si l’on

  1. Traité des différentes sortes de preuves qui servent à établir la vérité de l’histoire. Liége, 1770, page 178.