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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 63.djvu/180

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DE l’ABBÉ DE CHOISY.

bassadeur de France en Angleterre en 1637, où, après ravoir remercié des soins inutiles qu’il avoit pris pour le raccommoder avec la reine d’Angteterre, il ajoute ces mots : « On connoîtra bientôt qu’on ne me doit pas mépriser ; » et en effet dans ce temps-là commencèrent les troubles d’Écosse, qui peu à peu conduisirent le roi d’Angleterre sur l’échafaud. L’autre marque les voies détournées dont le cardinal se servoit pour forcer le Roi à le laisser dans le ministère.

Après que M. le grand[1] eut été arrêté, le prince d’Orange, à la prière du cardinal, écrivit au Roi qu’il alloit songer à faire son accommodement avec l’Espagne, puisque Sa Majesté alloit changer de ministre, et mettre ses affaires entre les mains de gens qui ne seroient pas affectionnés à la cause commune, comme le cardinal l’avoit toujours été. Il ajouta que si l’attentat de M. le grand demeuroit impuni, les alliés de la France ne pourroient plus prendre de liaisons avec un ministre méprisé. Le Roi eut peur, fit Couper le cou à M. le grand, et rendit toute son autorité au cardinal.

Ma mère m’a dit que le bon homme La Vriltière, secrétaire d’État, lui avoit conté qu’étant allé porter au cardinal de Richelieu la nouvelle du combat de Castelnaudari et de la prise de M. de Montmorency, le cardinal avoit fait un signe de la main comme voulant faire couper le cou au prisonnier ; et que s’étant aperçu que La Vrillière auroit pu le remarquer, il lui avoit dit : « M. de Montmorency est de mes amis ; je lui laverai bien la tête. » Son premier signe

  1. M. le grand : Cinq-Mars grand écuyer de France.